L’Institut Français du Tchad (IFT) ne se contente pas de projeter des films d’auteur ni d’organiser des expositions. Dans un pays en quête de stabilité, de repères et d’expression citoyenne, il joue un rôle bien plus profond : celui de catalyseur du dialogue, de la formation et de l’émergence culturelle.
Alors que la diplomatie française cherche à se réinventer face à la montée des discours anti-français et à la concurrence d’autres puissances (Russie, Chine, Turquie...), l’IFT s’impose comme l’un des derniers bastions d’une influence française fondée sur l’échange, l’éducation et la co-construction.
🎭 Un espace d’expression, de liberté et d’apprentissage
À travers sa médiathèque, ses concerts, ses masterclasses, ses partenariats avec les artistes et universitaires locaux, l’IFT est devenu un repère incontournable pour une partie de la jeunesse tchadienne, avide d’ouverture et d’horizons nouveaux. Il offre une scène à des talents émergents, soutient les initiatives culturelles locales, et met à disposition un lieu de débat rare dans l’espace public tchadien.
C’est aussi un centre de ressources pour l’apprentissage du français et l’accès à la culture numérique – autant d’outils pour s’armer intellectuellement dans un contexte national parfois verrouillé.
🛡️ Une diplomatie douce dans une région sous tension
Dans le paysage sahélien actuel, marqué par la défiance à l’égard des anciennes puissances coloniales et la prolifération des récits souverainistes, l’IFT joue un rôle d’équilibriste. Il fait ce que l’appareil diplomatique peine parfois à accomplir : retisser un lien avec les populations locales sans arrogance, sans injonction, sans drapeau.
La France est attendue – parfois critiquée, parfois espérée – mais c’est à travers ce type d’institutions, à l’écoute, modestes et ouvertes, qu’elle parvient à rester pertinente. L’IFT incarne une diplomatie culturelle qui n’impose rien, mais qui propose des outils, des idées, des plateformes.
🔍 Un enjeu stratégique pour la relation franco-tchadienne
Le Tchad est un pays pivot dans le dispositif sécuritaire français au Sahel. Mais la coopération ne peut se limiter à des accords militaires ou à des intérêts géopolitiques. La bataille du narratif se joue aussi sur le terrain de la culture, de l’influence et de l’imaginaire. Et à ce jeu-là, l’Institut Français est en première ligne.
C’est là que se préparent, parfois sans bruit, les futures élites du pays. Là que se croisent artistes, chercheurs, étudiants, journalistes, militants. Et c’est aussi là que la France peut encore espérer incarner autre chose qu’une puissance de maintien de l’ordre : une alliée intellectuelle, culturelle et humaniste.
À l’heure où beaucoup s’interrogent sur l’avenir de la présence française en Afrique, l’IFT de N’Djamena offre une réponse simple, mais puissante : celle du dialogue, du respect mutuel et de la culture partagée.
