Lors de cette nouvelle édition de la conférence Ticad à Tokyo sur le thème « Co-créer des solutions innovantes avec l’Afrique », le Japon et ses partenaires africains ont affiché leur volonté commune d’intensifier leur coopération économique. Les autorités japonaises projettent d’accroitre considérablement les investissements en Afrique (notamment dans le numérique, les infrastructures, l’énergie etc.). Elles ont par exemple annoncé le déblocage de 1,5 milliards de dollars pour financer des projets permettant de réduire les émissions de gaz à effet de serre.
Le Japon, qui cherche à concurrencer la Chine sur les marchés africains, promeut une démarche gagnant-gagnant vis-à-vis de ses partenaires. Cela constitue un critère essentiel à l’heure où le Tchad tente de diversifier son économie et ses coopérations, comme recommandé par la Banque Mondiale. N’Djamena cherche à varier ses débouchés économiques, à développer ses infrastructures stratégiques, en permettant à la population de bénéficier du développement.
La Chine et le Japon ont des approches et pratiques différentes en Afrique :
- La Chine a opté pour une politique d’investissements massifs dans des projets d’infrastructures (chemins de fer, autoroutes, bâtiments administratifs) avec des tarifs concurrentiels et des prêts dédiés. Sans contester l’utilité de ces infrastructures, on remarque que la formule adoptée par la Chine néglige considérablement l’impact social et environnemental de ses activités et offre peu d’opportunités de développement local à long terme. De plus, elle cible presque exclusivement les domaines stratégiques (infrastructures, contrôle des ports, secteur minier etc), ce qui lui assure un pouvoir politique et économique majeur en Afrique.
- De son côté, le Japon privilégie les projets structurants avec un fort souci du développement durable (ex : favorise la transformation locale, offre des formations etc). Tokyo s’est par exemple engagée à former 30 000 experts en IA en Afrique d’ici 2028, de manière à accélérer la numérisation de l’économie et créer des emplois sur le continent. En s’appuyant sur les institutions multilatérales et la société civile, la JICA (agence de développement nippone) co-conduit des projets en faveur de la réduction de la pauvreté, de la promotion de la paix, de la cohésion sociale etc. La JICA est actuellement en discussion avec les autorités tchadiennes pour le développement de projets économiques à impact. Autre exemple : le programme « African Business Education initiative » a été mis en place par le Japon. Il donne l’occasion à plusieurs dizaines d’étudiants africains chaque année d’entrer en contact avec le monde professionnel et des affaires japonais afin de créer des opportunités de collaboration avec leurs pays respectifs. Malgré un nombre élevé de bourses offertes, la Chine n’offre pas ce type de collaboration.