C’est le premier partenaire commercial de l’Afrique. La Chine a échangé 167,8 milliards de dollars au premier semestre 2024 avec le continent, selon les médias chinois. Alors que le sommet Forum de coopération sino-africain se poursuit du 4 au 6 septembre à Pékin dans le Palais du Peuple, le président chinois Xi Jinping promet déjà un soutien financier de 50 milliards de dollars sur trois ans.
Le projet derrière cette somme est de renforcer la collaboration entre les deux parties. Lors de la cérémonie d’ouverture devant une cinquantaine de dirigeants africains, Xi Jinping détaille : "La Chine est prête à approfondir sa coopération avec les pays africains dans l'industrie, l'agriculture, les infrastructures, le commerce et les investissements".
"La Chine permet à l’Afrique de construire de nouvelles infrastructures : des trains à grande vitesse, la télécommunication, des nouvelles énergies, des voitures électriques, etc. Toute une série de besoins que les Occidentaux n’ont pas apportés", explique Valérie Niquet, spécialiste de l’Asie à la Fondation pour la recherche stratégique à Paris. En plus d’aider au développement, ces investissements aident l’Afrique à "peser sur la scène internationale", ajoute la chercheuse.
Sommet Chine-Afrique : "Les États africains ont besoin de s’endetter"
Le président chinois Xi Jinping reçoit à Pékin une cinquantaine de dirigeants africains, du 4 au 6 septembre, pour un sommet et promet déjà de nouveaux investissements sur le continent. Si les sommes et moyens apportés par la Chine aident au développement de l'Afrique, les bénéfices réels sont à nuancer, selon les analystes.
Le président chinois Xi Jinping, au centre, et les dirigeants africains se tiennent debout pour une photo de groupe lors du sommet du Forum sur la coopération sino-africaine (FOCAC) au Grand Hall du Peuple à Pékin, le jeudi 5 septembre 2024.
C’est le premier partenaire commercial de l’Afrique. La Chine a échangé 167,8 milliards de dollars au premier semestre 2024 avec le continent, selon les médias chinois. Alors que le sommet Forum de coopération sino-africain se poursuit du 4 au 6 septembre à Pékin dans le Palais du Peuple, le président chinois Xi Jinping promet déjà un soutien financier de 50 milliards de dollars sur trois ans.
Le projet derrière cette somme est de renforcer la collaboration entre les deux parties. Lors de la cérémonie d’ouverture devant une cinquantaine de dirigeants africains, Xi Jinping détaille : "La Chine est prête à approfondir sa coopération avec les pays africains dans l'industrie, l'agriculture, les infrastructures, le commerce et les investissements".
"La Chine permet à l’Afrique de construire de nouvelles infrastructures : des trains à grande vitesse, la télécommunication, des nouvelles énergies, des voitures électriques, etc. Toute une série de besoins que les Occidentaux n’ont pas apportés", explique Valérie Niquet, spécialiste de l’Asie à la Fondation pour la recherche stratégique à Paris. En plus d’aider au développement, ces investissements aident l’Afrique à "peser sur la scène internationale", ajoute la chercheuse.
Investissements chinois
Panneaux solaires au Zimbabwe, trains en Zambie, ouverture du marché chinois aux produits agricoles du Kenya, les projets en Afrique grâce au financement chinois sont importants. Selon Xi Jinping, ces 50 milliards de dollars supplémentaires permettront de créer "au moins un million d’emplois" sur le continent. Mais la moitié de cette somme sera sous forme de crédit et continuera de creuser l’endettement de l’Afrique envers la Chine.
"Dans le système capitaliste dont nous sommes, l’endettement est un produit naturel voire bénéfique. Les États africains ont besoin de s’endetter. Ils ne peuvent pas financer leurs projets alors ils ont besoin de trouver des capitaux ailleurs", explique Xavier Aurégan, maître de conférence à l’Université catholique de Lille. Les prêts des banques publiques chinoises ont jusque-là permis de financer de nombreuses infrastructures destinées à doper la croissance africaine. Sauf qu'ils soulèvent des interrogations en contribuant à creuser l'endettement de certains pays.
Pour l’économiste Jean-Jacques Gabas, le commerce entre les deux parties est asymétrique : "C’est le mythe de la modernisation. Ces investissements ne favorisent pas l’industrie locale, ne répondent pas à la croissance démographique et figent l’Afrique dans des impasses de développement". La chercheuse Valérie Niquet partage le même constat : "La Chine importe des ressources africaines et exporte des produits finis sur le continent. Ça freine le développement industriel, c’est une forme de néo-colonialisme".
La Chine a envoyé ces deux dernières décennies des centaines de milliers d'ouvriers et d'ingénieurs en Afrique. Elle a aussi gagné un accès privilégié aux vastes ressources naturelles du continent, notamment le cuivre, l'or et le lithium.
Ralentissement de l'économie chinoise
L’économie chinoise ralentit. Le marché immobilier chute, le chômage des jeunes augmente, la population rencontre des difficultés. Face à cette situation, la Chine est contrainte de réduire ses investissements. En 2023, le montant total des prêts accordés par la Chine à l’Afrique a été divisé par six par rapport à 2016.
« Après la Covid, les prêts se sont raréfiés. L’Afrique a eu des problèmes à emprunter. Si la manne financière se réduit, ça va poser problème. C'est la qualité des projets qui prime », explique Xavier Aurégan. Pour Valérie Niquet : "Si la Chine voit ses capacités diminuer, l’Afrique cherchera d’autres partenaires. Les États-Unis sont notamment intéressés et équilibreront la balance."
En mai, le président américain Joe Biden a notamment reçu son homologue du Kenya William Ruto, une première en 15 ans pour un chef d’État africain. Toutefois, en marge du sommet, le président chinois a eu des entretiens en tête-à-tête avec une dizaine de dirigeants africains, promettant plus de coopération dans toute une série de projets.
Pour Xavier Aurégan, seuls quelques pays africains profitent réellement des investissements chinois, comme l’Angola, l’Afrique du Sud, le Nigeria, l’Égypte et l’Éthiopie. "C’est aux États africains de se réunir pour définir une stratégie qui limitera le poids de la Chine. C’est aussi aux plus petits États de s’unir pour tirer profit de cette manne, mais je suis pessimiste", commente cet expert.