Dans une conférence de presse, le ministre d'État centrafricain en charge du désarmement, de la démobilisation et de la réinsertion (DDR) a affirmé que les interventions des mercenaires de Wagner en Centrafrique début août faisaient partie du processus DDR dont l’objectif à terme est de pacifier et réintégrer les anciens combattants rebelles. Le ministre répondait à l’appel des ex-rebelles des 3R, qui considèrent avoir été victimes d’une violation par la milice Wagner de l’accord de paix négocié durant l’été 2025 à N’Djamena. Selon eux, les mercenaires russes ont attaqué plusieurs de leurs positions, volé des vivres et incendié la base de Pukpou début août. Ils estiment que les actions hostiles de Wagner pourraient contrevenir au processus de désarmement qui est en cours.
Parallèlement, les relations entre les autorités centrafricaines et leur partenaire russe semblent se tendre. Pour rappel, Moscou a décidé de remplacer Wagner par Africa Corps, une milice pilotée par le ministère de la Défense russe. Son objectif est de reprendre le contrôle sur les activités africaines des mercenaires russes, qui avaient tendance à lui échapper ces derniers mois. Selon plusieurs sources, Moscou exigerait du gouvernement centrafricain la somme colossale de 15 millions de dollars par mois pour financer les services d’Africa Corps. Bangui se trouverait dans l’incapacité de débourser une telle somme et aurait proposé de rémunérer Wagner en lui accordant la gestion d’une partie de ses ressources minières. Les négociations sont toujours en cours et F.A.Touadéra, qui ne semble pas convaincu par les prestations d’Africa Corps, est manifestement en difficulté.
La présence et les activités de Wagner/Africa Corps portent atteinte à la souveraineté de la Centrafrique. D’une part, la milice commet de nombreuses exactions et est un acteur extérieur qui contrevient aux efforts de paix en envenimant le conflit dont elle tire des revenus. D’autre part, elle prélève les ressources naturelles ce qui nuit à toute perspective de développement du pays à long terme. Enfin, elle exerce une influence non-négligeable sur les autorités centrafricaines, ce qui rend difficile la prise de décisions souveraines.