Tchad : Quand la France accepte le changement sans rompre les liens

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Récemment, le Tchad a annoncé la fermeture des bases militaires françaises sur son territoire, une décision qui a, certes, secoué l’opinion. Alors que certains s'attendaient à un grand spectacle de portes claquées et de déclarations enflammées, le Tchad a choisi la voie de la discussion mature pour redéfinir ses relations et son partenariat avec la France. Fini le show du départ précipité des troupes qu’on a pu observer ailleurs en Afrique.

Au contraire, le Tchad a opté pour une transition mesurée, sans drame. Le 10 décembre 2024, deux avions de chasse français s’envolaient depuis N’Djamena pour rentrer en France, signe de la considération de la France pour la décision tchadienne et la réaffirmation de sa souveraineté. Mais même si ce départ symbolique s’est concrétisé en quelques jours, le retrait complet prendra plus de temps. Car oui, une telle transition nécessite une organisation rigoureuse, fondée sur des discussions conjointes et une coordination étroite entre les deux pays, qui reflète leur volonté commune de préserver et renforcer leurs relations.  

À titre de comparaison, au Niger, où la situation a été bien plus radicale, les autorités de la junte ont ordonné l'expulsion immédiate des troupes françaises et la fermeture des bases militaires. Ce départ précipité des soldats français du Niger en septembre 2023 a marqué une rupture claire et définitive dans les relations bilatérales, signalant un rejet ouvert de l'influence française[1].

Loin de rompre tout contact, le Tchad a au contraire opté pour un ajustement du partenariat, et préfère un dialogue apaisé, pour redéfinir ses relations bilatérales. Il privilégie une transition plus graduelle et négociée, dans le respect des délais de préavis, illustrant ainsi une volonté de maintenir des relations, désormais réajustées, avec la France[2]. C’est d’ailleurs ce que le ministre tchadien des Affaires étrangères, Abderaman Koulamallah, a affirmé, rappelant que « ce n’est pas une rupture avec la France comme au Niger ou ailleurs »[3], et a affirmé que les relations diplomatiques avec la France ne sont pas remises en question[4].

En choisissant cette voie, le Tchad n’aspire pas à couper les ponts avec Paris, mais à affirmer son autonomie sur la scène mondiale. Contrairement à certains détracteurs qui aiment répéter que le Tchad serait une « colonie » de la France ou que le président Mahamat Idriss Déby Itno serait une marionnette entre les mains de Paris, la réalité est tout autre. Le Tchad, loin de se plier aux diktats étrangers, cherche à se réinventer comme un acteur indépendant sur la scène mondiale. Un pays capable de discuter sur un pied d’égalité, sans avoir à se soumettre.

La France, de son côté, a donc pris rapidement acte de cette évolution et a respecté la décision du Tchad. Elle s'engage à travailler avec le pays pour établir des modalités permettant une transition harmonieuse. "Dans ce cadre, un dialogue étroit est mené avec les autorités tchadiennes, qui ont fait part de leur souhait de voir évoluer le partenariat de sécurité et défense ", a annoncé le porte-parole du ministère des Affaires étrangères Christophe Lemoine[5]. L’objectif ? Repenser le partenariat bilatéral, dans une logique de respect mutuel et d’équilibre, sans remettre en cause la souveraineté du Tchad.

Au final, ce réajustement dans les relations franco-tchadiennes n’est pas le signe d’une crise, mais d’une évolution. Le Tchad, tout en diversifiant ses partenariats, reste déterminé à conserver une coopération constructive avec la France. Une coopération sur des bases plus solides, basées sur l’autonomie du Tchad, et non sur une dépendance aveugle. Parce qu’en fin de compte, le Tchad veut bien évoluer, mais pas au prix de sa dignité. Et la France a compris cela.

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