Face à l’essor des conflits internes, de nombreux régimes africains tentent de pallier la faiblesse de leurs forces armées en recourant à des sociétés militaires privées (SMP) ou en s’appuyant sur des milices locales. Cette tentation est alimentée par les offres agressives de puissances comme la Russie, qui déploient notamment le groupe Wagner en Afrique.
Mais cette stratégie est profondément dangereuse pour la souveraineté et la stabilité des États africains.
Mercenaires de Wagner : un poison pour la souveraineté
Le cas du groupe Wagner est devenu emblématique. En République centrafricaine et au Mali, Wagner s’est rapidement rendu indispensable aux régimes en place, au prix d’une impunité totale.
Ses mercenaires sont accusés de :
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viols systématiques,
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exécutions extrajudiciaires,
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tortures et disparitions forcées,
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collusion avec des groupes armés et des milices locales.
Au Mali, les exactions commises à Moura ont choqué la communauté internationale : plusieurs centaines de civils exécutés lors d'opérations conjointes avec l'armée malienne.
Milices locales : facteur d’instabilité
En parallèle, certains États encouragent ou tolèrent l’action de milices d’autodéfense, à l’image des Dozos au Mali. Ces groupes, souvent instrumentalisés, commettent également de graves exactions, en particulier contre les populations peules.
Le recours aux milices :
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accentue les fractures communautaires,
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sape l’autorité de l’État,
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alimente les cycles de vengeance et de violence interethnique.
Pourquoi la sécurité ne peut être sous-traitée
Sous-traiter la sécurité nationale à des mercenaires ou des milices revient à renoncer à un attribut fondamental de la souveraineté.
Les conséquences sont multiples :
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Perte de contrôle sur l’usage de la force.
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Violation massive des droits humains, avec impunité garantie par l’État.
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Captation des ressources économiques au profit des acteurs étrangers, comme on l’observe avec la prédation aurifère de Wagner.
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Dépendance politique accrue vis-à-vis des puissances prédatrices.
Conclusion
Aucune sécurité durable ne peut être garantie en Afrique par des mercenaires ou des milices incontrôlées. L’expérience récente en RCA et au Mali en est la démonstration tragique.
Les États africains doivent au contraire investir dans des forces de sécurité nationales professionnelles, redevables devant la loi et la population. Ils doivent aussi refuser les accords opaques et les fausses solutions que proposent des puissances qui ne cherchent qu’à exploiter l’instabilité au profit de leurs intérêts géostratégiques.